Les neuf jeunes cheminots incarcérés mis en liberté provisoire
Jeudi 30 mai 2019, les neuf jeunes salariés du chemin de fer, placés sous mandat de dépôt le 27 mai 2019 à la prison centrale Gabode, après leur arrestation la veille 26 mai 2019, ont comparu devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Djibouti. Ils étaient poursuivis pour coups et blessures sur des membres de l’administration du Chemin de fer dont un représentant de la Chine. Laquelle a financé la reconstruction du Chemin de fer à plus de 500 millions de dollars.
Les neuf cheminots, qui sont tous diplômés, recrutés sur concours et envoyés en formation en Chine, ont exposé au juge le vrai sujet, à savoir leurs conditions dégradantes et inhumaines de travail qui sont autant d’atteintes aux droits humains et à la Loi djiboutienne.
Devant l’exposé des faits, le juge a eu le courage de les mettre en liberté provisoire. Ils doivent comparaître le 13 juin prochain.
Voici la liste de ces neuf jeunes cheminots :
1-Abdourahman Atteyeh Hared
2-Yonis Aden Ali
3-Mohamed Idriss Moussa
4-Saïd Abdourahman
5-Radwan Ahmed Olad
6-Mohamed Ali
7-Moustapha Osman
8-Houssein Youssouf Houssein
9-Fayçal Houssein Darar
A Djibouti, pluies = inondations et eaux stagnantes
A Djibouti-ville, la pluie est rare. Mais lorsqu’elle tombe, elle laisse plus de mauvais souvenirs que de bons souvenirs. Ses eaux inondent les rues, pénètrent dans les habitations et autres locaux professionnels, puis stagnent et deviennent autant de foyers d’agents pathogènes, de moustiques et autres mauvaises odeurs. C’est le cas surtout dans la ville basse où à la pluie succèdent régulièrement des étendues d’eau noirâtres et nauséabondes.
Ce phénomène dure depuis la naissance de la ville en 1887. Il s’est beaucoup aggravé après l’indépendance. Au lieu de remédier à la gestion coloniale à deux vitesses de la ville (les quartiers européens étaient dotés d’un système d’assainissement opérationnel tandis que les autres demeuraient vulnérables aux eaux pluviales), les nouveaux dirigeants ont pratiqué une gouvernance de la prédation et de la défaillance des services publics. Cette gouvernance n’a ni rationalisé ni harmonisé l’urbanisation de la capitale. En témoigne l’échec du fameux projet de développement urbain de Djibouti (PDUD) des années 1980/1990. Financé à coups de milliards de francs Djibouti, il devait réhabiliter les quartiers populaires délaissés et faire de Djibouti-ville une capitale digne de ce nom. En vain. L’argent a été dépensé mais les problèmes sont pour l’essentiel restés. L’essentiel des plats quartiers est demeuré de construction précaire et sans système d’assainissement.
Voilà pourquoi les récentes pluies des 1er et 2 juin 2019 ont, à leur tour, laissé de mauvais souvenirs. Elles ont inondé les rues, pénétré dans des habitations des plats quartiers et perturbé la circulation des biens comme des personnes. D’où une Eid-el-Fitr dans la boue et les mauvaises odeurs à Djibouti-ville ce mardi 4 juin 2019.
Fin de Ramadan : Encore une fête morose pour le plus grand nombre
Encore une fois, l’immense majorité des Djiboutiens ont connu une fin de Ramadan morose. En effet, la fête de l’Eid el Fitr a été marquée par la misère sociale, les coupures de courant suite à la réduction annoncée de la vente de son électricité à notre pays par l’Éthiopie, les eaux stagnantes des dernières pluies.
Encore une fois, cette morosité a contrasté avec l’opulence et l’insouciance du petit nombre de privilégiés qui vivent de la prédation de l’État. Eux se sont pavanés dans des tenues vestimentaires dont la majorité souffrante ne peut même pas imaginer les prix. Eux se sont affichés ensemble. Eux ont fêté la fin du Ramadan dans leur bulle de confort et d’irresponsabilité.
Encore une fois, le ressentiment s’est ajouté au ressentiment chez le plus grand nombre et le cynisme au cynisme chez le petit nombre.
Jusqu’à quand ?
Nouvelles régionales
Soudan : Le Conseil militaire a opté pour la violence contre les manifestants
Le Conseil militaire de transition a envoyé ses forces de répression lundi 3 juin 2019 contre les manifestants pour le changement démocratique en sit-in devant l’état-major de l’armée à Khartoum. Lesquelles ont tiré à balles réelles, faisant ‘’plus de 30 morts et des centaines de blessés’’ dont certains grièvement atteints selon le Comité central des médecins soudanais.
Cette répression sanglante a été vivement dénoncée par la communauté internationale, à commencer par l’ONU, les États-Unis, le Royaume Uni et l’Allemagne. Ces deux pays ont d’ailleurs demandé une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan.
Le Conseil militaire de transition a, pour sa part, démenti toute dispersion par la force et affirmé regretter ce qui s’est passé. Pourtant, le même Conseil a annoncé mardi qu’il annulait toutes les avancées dans les négociations avec les représentants des manifestants et qu’il convoquait des élections dans un délai de neuf mois.
En réponse à ce massacre, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui regroupe les manifestants et leurs alliés, a déclaré l’interruption de tout contact avec le Conseil militaire et appelé à ‘’la grève et la désobéissance civile totale et indéfinie’’ pour ‘’renverser le régime’’.
Les négociations achoppaient sur la composition et la direction du mécanisme de transition, chaque camp voulant en obtenir le contrôle.
Visiblement, le sang qui a coulé lundi 3 juin 2019 à Khartoum, encore une fois depuis le début de la révolution, n’a fait que renforcer la détermination et l’unité agissante des Soudanais contre le régime militaire.
Algérie : Le Conseil constitutionnel déclare l’élection présidentielle ‘’impossible’’ à organiser
Le Conseil constitutionnel algérien a rejeté les deux uniques candidatures à l’élection présidentielle du 4 juillet 2019 pour non-conformité. Il en a tiré les conséquences et déclaré le scrutin ‘’impossible’’ à organiser. D’où un report automatique.
Le Conseil a ajouté qu’il appartenait au chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, de ‘’convoquer de nouveau le corps électoral et de ‘’parachever le processus électoral jusqu’à l’élection du président de la République et la prestation de serment’’. Mais aucune nouvelle date n’a été fixée pour le scrutin.
Depuis le 22 février dernier, les Algériens manifestent en grand nombre chaque vendredi pour revendiquer la fin du système en place et un changement démocratique. Ce sont ces manifestations qui ont contraint le président Abdelaziz Bouteflika à renoncer au 5ème mandat qu’il briguait puis à démissionner.
Si l’élection n’a pas trouvé de candidats, c’est parce que les Algériens considèrent qu’elle est inutile tant que demeure le système dont ils veulent la fin. C’est dire si la rue algérienne est déterminée à maintenir la pression jusqu’au changement sur le pouvoir issu de l’indépendance de 1962. Non sans faire à présent valoir l’argument de l’illégitimité et de l’impopularité du président par intérim.
Cette détermination populaire réduit la marge de manœuvre du chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui est le seul homme fort du pays depuis qu’il a lâché Bouteflika.
Rappelons que l’élection était initialement prévue pour le 17 avril 2019 et qu’elle avait dû être reportée suite aux manifestations.
Conflit au Yémen : ‘’Une sale guerre’’, déclare le ministre français Le Drian
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié, mardi 28 mai 2019, la guerre au Yémen de ‘’sale guerre’’. Il a déclaré : ‘’Oui, c’est une sale guerre, oui, il faut que les Saoudiens et les Emiratis arrêtent, oui, il faut être extrêmement vigilants sur les ventes d’armes à l’égard de ces pays, c’est ce que nous faisons’’.
Le conflit au Yémen a coûté la vie à des dizaines et dizaines de milliers de personnes depuis 2015, année où il a éclaté entre le gouvernement soutenu par une coalition emmenée par l’Arabie-Saoudite et les rebelles houthis appuyés par l’Iran. A ce jour, aucun des deux camps n’a réussi à prendre le contrôle de tout le pays puisque chacun administre seulement une partie du territoire national. De sorte que les principales victimes de la guerre sont le pays, qu’elle a en partie détruit, et le peuple qu’elle a saigné. Outre les morts, le conflit a fait de nombreux blessés et plusieurs millions de déplacés.
Les propos du chef de la diplomatie française interviennent à un moment où Paris se trouve confronté à une polémique autour de ses ventes d’armes aux Saoudiens et Émiratis.
Nouvelles internationales
États-Unis-Mexique : Le président Trump impose une taxe douanière sur les produits mexicains en représailles au mouvement migratoire
Par un tweet du jeudi 30 mai 2019, le président américain, Donald Trump, a annoncé une taxe douanière sur les produits mexicains. Cette taxe est destinée à punir le Mexique pour le flot de migrants latino-américains qui entrent aux États-Unis d’Amérique depuis son territoire qui a une longue frontière terrestre avec la Première puissance mondiale. Cette taxe doit entrer en vigueur dès le 10 juin 2019.
Donald Trump a ajouté que la taxe augmentera de 5% par mois tant que persistera le mouvement migratoire, jusqu’à atteindre 25% le 1er octobre 2019. Elle doit rester en vigueur jusqu’à la résolution du problème migratoire.
Ce tweet surprise a d’abord suscité l’indignation des autorités mexicaines. Elles ont mis en garde Washington contre une telle mesure. Puis elles se sont déclarées ouvertes au dialogue sur le mouvement migratoire qui préoccupe la Maison Blanche. Allant plus loin, le président mexicain, Manuel Lopez Obrador, a appelé son homologue américain à dialoguer avec lui. Il a déclaré qu’il ne voulait pas de ‘’confrontation’’ entre les deux pays qui ont de nombreux échanges commerciaux. Non sans ajouter : ‘’Le président mexicain veut rester l’ami du président Donald Trump mais, surtout, nous Mexicains sommes amis du peuple américain’’.
Il faut dire que le Mexique risque gros si cette mesure est appliquée. En effet, les États-Unis sont de loin le premier partenaire commercial du pays qui y a exporté pour 346 milliards de dollars de marchandises en 2018. Et les exportations mexicaines représentent 30% de son PIB. C’est donc une très mauvaise nouvelle pour l’économie du pays qui n’est d’ailleurs pas en bonne forme.
Mais les États-Unis seront aussi impactés par cette sanction douanière. Non seulement les produits mexicains, dont le fameux avocat mexicain, seront plus chers pour les consommateurs américains, mais aussi les entreprises américaines qui ont délocalisé leur production au Mexique seront affectées. Les constructeurs de voitures tels que General Motors et Ford figurent parmi les principales compagnies américaines exposées.
Par ailleurs, cette sanction douanière décidée par le président Trump envoie un mauvais signal à d’autres partenaires commerciaux majeurs des États-Unis d’Amérique.