Djibouti est sous étroite surveillance internationale en raison de ses fragilités financières et géopolitiques, lesquelles inquiètent particulièrement les investisseurs locaux et étrangers. Le régime d’Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, est qualifié d’autocratique et est pointé du doigt pour sa gouvernance clanique et ses méfaits présumés. Ces pratiques compromettent la stabilité régionale et alimentent une opacité financière préoccupante.
Failles Financières et Surveillance Internationale
Un rapport de 2024 du MENAFATF, organisme affilié au GAFI, met en lumière des lacunes majeures dans la lutte de Djibouti contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Malgré un cadre juridique existant, la coordination interinstitutionnelle est faible, les ressources sont limitées, et les condamnations pour blanchiment d’argent sont quasi inexistantes.
La supervision laxiste des secteurs bancaire et non bancaire, combinée à une importante circulation d’argent liquide, crée un environnement propice à l’instabilité économique et à la corruption. Ces déficiences, ainsi qu’un risque élevé de surendettement signalé par la Banque africaine de développement et Coface, justifient l’inclusion de Djibouti sur la liste des 36 pays visés par une potentielle restriction d’entrée aux États-Unis en 2025, soulevant des préoccupations sécuritaires.

Gouvernance Autocratique, Manipulation de la Loi et Risques Politiques
Le président Guelleh est accusé d’alimenter l’instabilité par une gouvernance clanique, qui favorise une élite proche du pouvoir et contribue à une pauvreté endémique malgré une croissance économique apparente. Des enquêtes, notamment celle ouverte en 2018 par le Parquet national financier français, ciblent son entourage pour des soupçons de « biens mal acquis », suggérant un détournement de fonds publics.
La manipulation de la loi est également une préoccupation majeure. Des changements soudains de réglementation, comme celle concernant l’importation de lait, ont été observés. Ces modifications législatives sont perçues comme visant à éliminer les importateurs de lait existants pour accorder le monopole à des entités liées au fils du président, renforçant ainsi la mainmise de la famille présidentielle sur des secteurs économiques clés. De même, la résiliation litigieuse du contrat avec DP World, l’opérateur portuaire émirati, témoigne de cette imprévisibilité juridique et de l’ingérence politique dans les affaires économiques.
Le régime est également critiqué pour ses violations des droits humains, incluant l’arrestation arbitraire de journalistes et d’opposants, ainsi que la répression brutale de manifestations en 2020. L’ensemble de ces facteurs érode la confiance des investisseurs.
Enjeux Géopolitiques et Rôle Ambigu
Sur le plan géopolitique, Djibouti conserve son statut de hub stratégique, accueillant des bases militaires américaine, française et chinoise, dont les loyers (plus de 200 millions de dollars annuels) renforcent le régime en place. Cependant, les relations tendues avec l’Érythrée et un rôle ambigu dans les crises régionales, notamment en Éthiopie et en Somalie, nourrissent les tensions. Certains observateurs, comme le député somalien Farah Maalim, accusent Guelleh de privilégier ses intérêts personnels, transformant Djibouti en un « domaine familial » au détriment de la stabilité régionale.
Recommandations et Perspectives
Le plus grand risque à Djibouti réside dans la gouvernance d’Ismaïl Omar Guelleh, perçue comme un système corrompu qui étouffe l’opposition et exacerbe la pauvreté, mettant en péril la paix régionale. Pour les investisseurs étrangers, Djibouti représente un pari risqué, miné par une instabilité structurelle. Seule une réforme profonde des institutions et une stabilisation régionale pourraient restaurer la confiance nécessaire pour des placements sécurisés. Les nations occidentales, qui financent indirectement ce régime par les loyers des bases militaires, sont appelées à reconsidérer leur soutien. Un appui conditionné à une gouvernance démocratique est jugé essentiel pour stabiliser durablement la Corne de l’Afrique et garantir la sécurité régionale.t.