À Djibouti, le président Ismail Omar Guelleh s’est insurgé contre les remarques de l’opposition visant sa famille, qu’il qualifie d’atteintes personnelles. Cette doléance a été exprimée par le chef de la sécurité, Hassan Madoobe, lors d’une rencontre imprévue organisée le 17 juin 2025 avec
Adan Mohamed Abdou, président de l’ARD, et Dr Kadar Abdi Ibrahim, président du MoDeL, tous deux co-présidents de la coalition BSN. Sur notre page Facebook La Voix De Djibouti (LVD) nous avons divulgué hier l’information sur cette convocation qui avait suscité de vives spéculations parmi les djiboutiens. Certains ont interprété ce geste comme une ouverture, espérant que le président, en fin de mandat, préparait une transition harmonieuse, fidèle à son discours patriotique. D’autres ont cru que les opposants récupéreraient leurs passeports, saisis pour limiter leurs déplacements. Ces attentes ont toutefois été vaines. Une vidéo publiée par les leaders a révélé que l’unique objectif de la réunion était de transmettre la volonté du président de protéger sa famille des critiques, mettant en lumière une attention démesurée portée à ses proches, éclipsant les préoccupations urgentes des djiboutiens, comme le chômage, la pauvreté et les tensions régionales.

Interloqués par ce message, les leaders de l’opposition ont rétorqué à Madoobe que leurs principes excluent toute injure envers la famille présidentielle ou tout compatriote. Ils ont réaffirmé leur engagement à défendre les intérêts populaires et à relayer les préoccupations citoyennes. Défendant leur intégrité, ils ont proposé au chef de la sécurité de consulter leurs allocutions filmées pour y détecter les prétendues insultes. En outre, ils ont réclamé la restitution de leurs passeports afin de retrouver leur liberté de mouvement, une requête ignorée. Cet épisode pose une question cruciale pour les djiboutiens : l’opposition est-elle légitimée à évoquer la famille présidentielle ? La réponse est sans conteste affirmative, dès lors que l’influence de cette dernière sur les affaires publiques soulève des interrogations éthiques et politiques.
L’influence de la famille de Guelleh sur la gouvernance est en effet tangible et diversifiée. D’abord, plusieurs proches exercent une autorité notable dans les cercles politiques et économiques. Kadra Mahamoud Haid, épouse du président, est fréquemment mentionnée pour son rôle officieux mais décisif, orientant les nominations et les politiques publiques sans légitimité formelle. Cette mainmise informelle obscurcit la validité des décisions gouvernementales, renforçant la nécessité pour l’opposition d’exiger une clarté accrue.
Ensuite, les conflits d’intérêts sont évidents. Des membres de la famille profitent d’avantages économiques significatifs : une fille du président a bénéficié d’un prêt important du Fonds Souverain de Djibouti (FSD) pour un projet de Data Center, tandis que son fils détient un monopole sur le marché laitier grâce à une interdiction d’importation. Une autre fille occupe un poste clé à la présidence, consolidant l’emprise familiale. Ces pratiques, favorisant les intérêts privés au détriment de l’intérêt collectif, alimentent les suspicions de népotisme et sapent la confiance publique. L’opposition a l’obligation de dénoncer ces dérives pour promouvoir une gestion équitable des ressources nationales.
Enfin, l’appropriation indue des ressources publiques par la famille présidentielle constitue une entrave sérieuse. Que ce soit par un accès privilégié à des fonds ou par une influence sur les institutions pour préserver leurs intérêts, ces agissements compromettent l’État de droit. L’opposition joue un rôle déterminant en exposant ces abus, contribuant à sauvegarder les valeurs démocratiques. Cette emprise familiale exacerbe le mécontentement populaire et menace la stabilité politique, alors que les djiboutiens attendent des solutions à leurs difficultés quotidiennes. Si le président était véritablement attaché au bien-être de son peuple, il aurait saisi cette rencontre pour dialoguer sur les enjeux nationaux, plutôt que de se focaliser sur la défense de sa famille.
En somme, l’influence indue de la famille de Guelleh sur les affaires publiques confère à l’opposition une responsabilité légitime de s’exprimer. En dénonçant ces pratiques, elle s’érige en garante de la transparence et de l’équité, tout en luttant contre le népotisme. Pour conserver leur crédibilité, les critiques doivent s’appuyer sur des preuves solides, évitant les attaques personnelles injustifiées. Face aux aspirations des djiboutiens pour une gouvernance intègre, l’opposition doit persévérer dans son rôle de vigie démocratique, œuvrant pour un avenir où les institutions servent le bien commun et non une élite familiale.