Nouvelles nationales
Des dizaines de salariés du chemin de fer arrêtés
Des dizaines de salariés de la société nationale des chemins de fer djiboutiens ont été arrêtés dimanche 26 mai 2019 par la gendarmerie. Selon nos informations, ils étaient au moins 37 travailleurs. Motif : ils ont osé réclamer le respect de leurs droits, notamment salariaux.
Neuf d’entre eux ont été particulièrement ciblés. Ils ont été présentés devant le parquet de la République lundi 27 mai et placés sous mandat de dépôt à la sinistre prison Gabode.
Les autres semblent avoir été relâchés après des actes de maltraitance.
Il s’agit là d’une pratique bien connue du régime qui consiste à frapper fort certaines personnes pour l’exemple afin d’intimider tout le monde. Mais cette pratique ne peut pas fonctionner face à des citoyens décidés à faire valoir leurs droits fondamentaux.
Cette protestation des travailleurs djiboutiens et leurs arrestations, témoignent des difficultés que rencontre le chemin de fer du pays qui a pourtant été reconstruit à plus de 500 millions de dollars empruntés auprès de la Chine. Ce sont d’ailleurs des ressortissants chinois qui ont la haute main sur la gestion effective de la voie ferrée.
Le cas du chemin de fer constitue l’exemple même du projet dont le montage et le financement ont obéi bien plus à des fins de corruption qu’à des considérations d’intérêt général.
Ce n’est pas sans nous inspirer cette question au président Ismaël Omar Guelleh : est-ce cela le développement dont vous vous vantez ?
Un enseignant privé de son salaire et un jeune chômeur arrêté
Un enseignant du primaire a été suspendu et privé de son salaire sans raison valable depuis plusieurs mois. Il s’agit de Mohamed Moussa Mohamed. Il était en poste à l’école primaire publique du Quartier 5, dans la capitale. Le ministre de l’éducation nationale, Moustapha Mohamed Mahamoud, ne réagit pas à cette mesure arbitraire malgré les appels répétés venant de toutes parts et malgré la décision judiciaire intervenue en faveur de la victime.
Par ailleurs, un jeune internaute, Bourhan Boreh, a été arrêté dans la soirée du samedi 25 mai à Balbala, en banlieue de la capitale. Là, encore sans raison valable.
Ces violations flagrantes des droits humains, relèvent-elles aussi du développement à la Guelleh ?
Ces religieux qui craignent plus le régime qu’Allah
L’instrumentalisation de la religion par les gouvernants n’est pas un phénomène nouveau à Djibouti. Le régime a toujours entretenu des relations troubles avec la religion islamique et ses représentants pour se maintenir au pouvoir. La plupart des religieux djiboutiens ont, d’une manière ou d’une autre, fonctionné selon le bon vouloir du régime. Soutenir sans réserve le prince, ouvertement ou par le silence complice, tel a toujours été la ligne de conduite chez la majorité de nos oulémas depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1977. Aussi la hiérarchie religieuse s’est-elle toujours affichée avec complaisance aux côtés des autorités à la moindre occasion. Du reste, un ministère des affaires musulmanes a été mis en place pour renforcer le contrôle gouvernemental de la religion et des religieux.
Mais la soumission des religieux est devenue encore plus caricaturale ces derniers temps : les représentants de la religion encensent et défendent à ce point le régime qu’ils semblent en oublier Allah.
Pour ces religieux, s’agit-il désormais d’adorer Ismaël Omar Guelleh à la place d’Allah ?
Nouvelles régionales
Malawi : Le président sortant déclaré réélu par la Commission électorale
Au Malawi, le président sortant de la République, Peter Mutharika, a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, selon les résultats publiés lundi 27 mai 2019 par la Commission électorale. Il est crédité de 38,57% des suffrages contre 35,41% pour son principal adversaire et chef de l’opposition, Lazarus Chakwera.
L’opposition avait dénoncé des irrégularités et saisi la Haute Cour de justice de la capitale Lilongwe d’une requête pour fraude, ce qui avait conduit la juridiction à suspendre l’annonce des résultats par la Commission électorale. Mais après examen du dossier, les juges avaient estimé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour remettre en cause les résultats.
Le précédent mandat du président Mutharika, 78 ans, avait été marqué par des scandales de corruption, notamment autour des projets d’infrastructures routières et autres dont il avait pris l’initiative.
Kenya-Somalie : Nairobi manie l’arme de la tension contre Mogadiscio
Entre le Kenya et la Somalie, les tensions se multiplient ces derniers temps. Cela a commencé lorsque la Somalie a tenu en février 2019 à Londres une conférence pour médiatiser des découvertes de pétrole dans ses eaux territoriales. Le Kenya, qui manœuvrait depuis déjà un moment et espérait capter une partie du pétrole somalien à son profit en étendant ses frontières maritimes au détriment de son voisin, a vu rouge à la tenue de cette conférence de Londres. Les autorités kenyanes se sont mises à accuser la Somalie d’empiéter sur leur territoire et de prendre une partie de leur pétrole, ce qu’a réfuté Mogadiscio. Puis, le Kenya a expulsé l’ambassadeur de la Somalie à Nairobi et rappelé son ambassadeur de Mogadiscio. Un peu plus tard, il a ordonné à ses troupes militaires stationnées en Somalie au titre de l’AMISOM d’évacuer certains secteurs du Sud somalien et de laisser le champ libre aux combattants d’Al Shebab. Enfin, Nairobi a récemment décidé que tous les avions civils en provenance de la Somalie doivent passer par Garissa, au nord du Kenya, sous prétexte d’un contrôle de sécurité, au lieu d’atterrir directement à l’aéroport Jomo Kenyatta. Sans compter le refus de visa à des députés et ministres somaliens venus participer à une réunion internationale à Nairobi.
Face à cette diplomatie de la tension du Kenya, la Somalie se montre imperturbable, ce qui contraste avec l’agitation prolongée de son voisin. Il faut dire que la Somalie est sûre de son bon droit et confiante quant au règlement judiciaire du contentieux territorial maritime qu’elle a porté devant la Cour internationale de justice à La Haye.
Selon de nombreux observateurs, le Kenya, qui a conscience que sa revendication territoriale est peu fondée, a opté pour la pression directe sur Mogadiscio pour l’amener à retirer sa plainte de la Haye et à négocier avec lui une solution qui lui assure une portion du pétrole somalien. Or, c’est tout simplement inenvisageable pour les Somaliens, ajoutent ces analystes.
Nouvelles internationales
Élections européennes : les partis eurosceptiques font une percée mais les europhiles gardent la main
Dans les 28 pays de l’Union européenne, se sont déroulées dimanche 26 mai 2019 les élections au Parlement européen. La montée des partis d’extrême droite et eurosceptiques s’est confirmée dans de nombreux pays tels que l’Italie, la France ou encore le Royaume Uni. En Italie, La Ligue, parti d’extrême droite de Matteo Salvini, est arrivée en tête avec 34,3% des voix. En France, c’est le Rassemblement national de Marine Le Pen qui a gagné les élections avec 23, 31% devant la liste du parti présidentiel, La République en marche. Au Royaume Uni, c’est le parti anti-européen de Nigel Farage qui a dominé le scrutin avec 31,7% des suffrages. Quant aux Hongrois, ils ont donné la victoire au parti du premier ministre Victor Horban avec 52%. Cette percée de l’extrême droite européenne, s’est faite au détriment des partis traditionnels que sont les conservateurs, les socialistes et autres sociaux-démocrates.
Pour autant, le classement de tête n’est pas bouleversé dans l’hémicycle de Strasbourg puisque le groupe démocrate-chrétien du PPE (Parti populaire européen) conserve sa place de première force avec 180 sièges (contre 217 en 2014), suivi du groupe des Socialistes et Socio-Démocrates avec 146 sièges (contre 186 sièges en 2014). Le Groupe libéral de l’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), auquel s’est affiliée la République en marche du président Emmanuel Macron, arrive en troisième position avec 109 sièges. Pour sa part, le groupe les Verts-ALE (Alliance libre européenne) progresse à 69 sièges. De plus, il n’est pas sûr que les formations d’extrême droite parviennent à constituer un groupe homogène au parlement européen en raison de leurs divergences, notamment en politique intérieure.
Les europhiles garderont donc la main.
Belgique : Les socialistes reculent mais restent la première famille politique
Aux élections législatives fédérales de ce dimanche 26 mai 2019 en Belgique, couplées avec les élections européennes et régionales, certaines formations ont reculé et d’autres ont progressé. Ce sont les partis traditionnels (socialistes, libéraux et démocrates chrétiens) qui ont reculé à la Chambre fédérale des députés qui compte 150 sièges. Ainsi, le parti socialiste francophone perd trois sièges et se retrouve à 20 députés, le Mouvement réformateur (droite libérale francophone) perd 6 sièges et recule à 14 députés tandis que le Centre démocrate humaniste (démocratie chrétienne francophone) perd 4 sièges pour ne recueillir que 5 députés. Ce sont les écologistes et le parti d’extrême gauche (Parti des travailleurs belges) qui progressent chez les francophones. Les écologistes font une percée avec 7 députés de plus, parvenant à 13 sièges, et PTB gagne 12 sièges, soit dix de plus qu’aux dernières élections. Du côté flamand, les nationalistes de la N-VA reculent de 8 sièges et se retrouvent à 25 députés, les chrétiens démocrates du CD§V se retrouvent à 12 sièges, perdant 6 députés, tandis que les Libéraux de l’Open VLD perdent 2 sièges et reculent à 12 députés. Chez les néerlandophones, c’est le parti d’extrême droite Vlaams Belang qui a fait une percée passant de 3 à 18 députés, devenant ainsi le second parti flamand. Les écologistes de Groen progressent eux aussi mais seulement de deux députés, gagnant 8 sièges.
Cependant, la famille socialiste reste la première famille politique de Belgique avec 29 sièges au Parlement fédéral, suivie de la famille libérale avec 26 sièges. Les nationalistes flamands de la N-VA sont en troisième position avec 25 députés et les écologistes en 4ème place avec 21 sièges. Les démocrates chrétiens sont relégués en 4ème position avec 17 sièges seulement.
Reste à présent la formation du gouvernement fédéral qui doit à la fois s’appuyer sur une majorité à la Chambre fédérale et refléter une majorité d’électeurs des régions fédérées. Or, ce sont là des conditions qui ne sont pas faciles à remplir avec les résultats du dimanche 26 mai. D’ailleurs, elles n’ont pas toujours été remplies dans le passé comme le montre la composition du gouvernement sortant où les libéraux du MR représentaient à la minorité les francophones. En tout cas, le Roi a déjà commencé ses consultations.