Les enseignants toujours maintenus en détention abusive
Les enseignants du second degré, arrêtés le 13 juin 2019 et présentés dans la nuit du même jour au procureur de la République qui les a nuitamment placés sous mandat de dépôt à la prison Gabode, croupissent toujours en détention abusive. Ils sont allés de renvoi en renvoi jusqu’au 24 juin 2019. A cette date, l’une d’entre eux, Oumalkhayr Robleh, a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et les six autres ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire. Mais le procureur général de la République a ordonné le maintien abusif de ces derniers en prison, prétextant un appel. Si, en liberté provisoire depuis le 13 juin pour cause de grossesse avancée, Oumalkhayr Robleh a pu repartir libre, ses collègues ont donc été reconduits en prison.
A nouveau, ces six enseignants ont comparu dimanche 30 juin devant la Cour d’appel qui a délibéré sur leur cas et annoncé son verdict pour mardi 2 juillet. Mais patatras ! aucun verdict mardi. Les juges de la cour d’appel auraient prétexté un oubli et une non-inscription de l’affaire dans l’audience du jour. Le comble !
Il devient flagrant que le dossier des enseignants est vide et que l’on cherche juste à les détenir le plus longtemps possible pour ensuite les condamner à une peine de prison ferme couvrant la durée de l’incarcération abusive.
Signalons que leur collègue Oumalkhayr Robleh a fait appel de la décision de condamnation à trois mois de prison avec sursis.
De plus en plus, les Djiboutiens utilisent les réseaux sociaux pour s’exprimer sur la gouvernance de leur pays
Les réseaux sociaux, à commencer par Facebook, sont devenus l’espace d’expression le plus répandu au monde. Ils sont investis par des milliards d’individus à travers la planète.
Bien entendu, les contenus et les registres d’expression ne sont pas les mêmes, mais ils ont en commun une liberté d’expression incomparable à celle des médias dits traditionnels tels que la télévision, la radio ou la presse écrite.
Comme dans d’autres pays, les Djiboutiens ont profité de ces plateformes virtuelles pour s’exprimer. Leurs centres d’intérêt et les manières dont ils s’expriment varient.
Ces derniers temps, l’on assiste à la montée en puissance de l’expression en mode direct (live en anglais), ou légèrement décalé. Particulièrement, ce sont les directs à caractère politique, au sens de gestion de la chose publique, qui montent en puissance. Il s’agit de directs qui dénoncent la mauvaise gouvernance, ses dérives et ses dégâts.
Les animateurs de ces directs sont des Djiboutiens exilés qui vivent en Occident, surtout en Europe. Ce sont des femmes, des hommes, des jeunes et des moins jeunes. Ils sont en contact avec d’autres personnes restées au pays qui les alimentent en informations, ou avec des compatriotes qui ont fui Djibouti et détiennent des informations. Certains de ces cyber-usagers engagés font œuvre d’investigation et révèlent des actes individuels préjudiciables ou des méfaits en bande organisée.
Même si les dérapages ne manquent pas dans cette expression spontanée où perce la colère contre le pouvoir en place, ses dirigeants et ses privilégiés. Ainsi, des propos à relent sectaire sont parfois tenus.
Reste que, par leur liberté de ton et leurs révélations, ces cyber-activistes dérangent le régime dont des petites mains n’hésitent pas à leur envoyer menaces et injures.
La Voix de Djibouti, qui a toujours milité pour que les Djiboutiens se mêlent de ce qui les regarde, se réjouit de cette prise de parole. Mais elle conseille à celles et ceux qui prennent la parole sur les réseaux sociaux de se garder des dérapages et d’en rester à l’expression constructive.
Les Chinois feraient-ils du chantage à l’eau de Chinileh ?
Selon plusieurs sources concordantes, l’eau d’adduction potable depuis Chinileh en Éthiopie, serait entre les mains des Chinois qui en ont assuré le financement et la réalisation. En effet, ce projet que beaucoup considèrent comme surfacturé et qui a coûté près de 350 millions de dollars américains à notre pays, semble échapper au contrôle des autorités djiboutiennes. L’Office national des eaux et de l’assainissement de Djibouti (ONEAD) aurait donc peu de prise sur l’eau de Chinileh, de loin la plus importante du pays car elle est censée alimenter notre populeuse capitale Djibouti-ville et la ville d’Ali-Sabieh au sud-est.
Les Chinois semblent s’être assurés du contrôle technique du projet pour garantir le remboursement de leur prêt. De sorte qu’ils multiplieraient les coupures d’eau intempestives pour faire pression sur le gouvernement et obtenir les décaissements en remboursement que l’ONEAD peinerait à effectuer faute de ressources suffisantes.
Si cela se confirme, ce sera l’illustration d’une perte dangereuse de souveraineté de la République de Djibouti sur la gestion d’une denrée aussi vitale que l’eau potable.
Rappelons que le chef de l’État Ismaël Omar Guelleh a inauguré la réalisation de ce projet le 19 juin 2017.
A suivre.
Nouvelles régionales
Éthiopie : Le coup d’État manqué dans la région fédérée Amhara est à la fois meurtrier et révélateur
Samedi 22 juin 2019 dans l’après-midi, la région fédérée Amahara, au nord-ouest de l’Éthiopie, a été secouée par une tentative de coup d’État menée par le chef de la sécurité régionale, le général Asaminew Tsige. Des membres de la police régionale fidèles à ce général et des jeunes par lui recrutés sont passés à l’attaque contre les locaux du gouvernement régional dans la capitale Bahir Dar où le présidait de la région, Ambachew Mekonnen, tenait une importante réunion de sécurité.
Des combats ont opposé assaillants et défenseurs du gouvernement local. Mais les loyalistes n’ont pas pu sauver la vie du président de la région, de l’un de ses principaux conseillers et de son ministre de la justice, Migbaru Kebede. Tous trois ont été tués. Pendant cet assaut et plus tard, les combats ont fait de nombreuses autres victimes parmi les belligérants et les civils fauchés par les balles perdues. Ainsi, lundi 24 juin 2019, le général accusé d’être le cerveau du coup est tombé sous les balles des loyalistes.
En ce même samedi soir du 22 juin, ce sont le chef d’état-major de l’armée éthiopienne, le général Seare Mekonnen, et un général à la retraite venu lui rendre visite qui ont été assassinés par le garde de corps du premier. Il semble que le garde de corps n’ait pas agi seul et que d’autres militaires soient impliqués. Parmi eux, il y aurait certains de ceux qui avaient exigé voir le Premier ministre à la Primature en octobre 2018, prétendant réclamer une augmentation de solde.
Depuis ces événements sanglants de Bahir Dar et d’Addis-Abeba, de nombreuses arrestations ont été opérées dans les rangs de l’armée et dans la région fédérée amhara. L’on signale notamment l’arrestation à Addis-Abeba du garde de corps meurtrier et du général Hasen Aden, chef de la sécurité militaire nationale.
Mais ces arrestations suffiront-elles à mettre fin aux tensions et aux violences en Éthiopie ? C’est la question que beaucoup se posent. En effet, le pays est traversé par de fortes rivalités inter-ethniques, particulièrement entre Tigréens, Amahara et Oromos. Entre ces trois communautés dont chacune a dirigé ou dirige l’Éthiopie, c’est une lutte pour le pouvoir qui est engagée, comme le révèle au grand jour ce coup d’État manqué.
Si ces rivalités débouchent sur des affrontements armés à grande échelle, ce sera l’embrasement général avec le risque inhérent d’éclatement de l’Éthiopie et de déstabilisation de toute la Corne de l’Afrique.
Somalie : Le président Farmajo se déclare déterminé à la réconciliation avec le Somaliland
La date du 1er juillet 1960 marque la réunification du Somaliland, qui venait de s’émanciper de la colonisation britannique le 26 juin 1960, et de la Somalia, libérée le jour même de la colonisation italienne.
Le 1er juillet est ainsi la date de la renaissance de la Somalie dans ses frontières internationales actuelles. D’où son statut de jour de fête nationale.
C’est à l’occasion de cet anniversaire, le 59ème du genre, que le président de la République fédérale de Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed dit Farmajo, a réaffirmé son attachement à la réconciliation nationale. Il s’est déclaré déterminé à faire advenir cette réconciliation. ‘’Je veux être de ceux qui entrent dans l’Histoire pour de bonnes raisons, je veux m’inscrire dans la lignée de ces jeunes qui ont créé le Somali Youth Club (SYC) devenu Somali Youth League (SYL) et qui ont conduit le pays à l’Indépendance du nord au sud. Il nous faut laisser aux jeunes générations actuelles et à celles futures un pays réconcilié et fort afin qu’ils soient fiers de nous au lieu de les condamner à l’errance, à l’immigration et à la mort’’.
C’est un discours fort, qui a été remarqué du sud au nord. D’autant qu’il tombe à un moment où les esprits semblent plus apaisés que par le passé sur la question du dialogue nord-sud et de la réconciliation.
Reste à le traduire en actes.
Soudan : Les démocrates maintiennent la pression sur le Conseil militaire
Au Soudan, où les généraux soufflent toujours le chaud et le froid dans l’espoir d’affaiblir les manifestants et de gagner par l’usure, les démocrates tiennent bon. Ils ont appelé les Soudanais à manifester massivement contre le Conseil militaire de transition ce dimanche 30 juin 2019.
Cet appel a été suivi et des milliers de manifestants ont envahi les rues de Khartoum et d’autres grandes villes.
Les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemeti, numéro deux du Conseil militaire, n’auraient pas réprimé dans le sang les manifestations comme elles l’avaient fait le 3 juin. Mais plusieurs personnes ont quand même trouvé la mort et d’autres ont subi des blessures.
Sur le plan diplomatique, le Conseil militaire affirme vouloir examiner le plan commun de sortie de crise de l’Union africaine et de l’Éthiopie. Ce plan prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition composé de huit civils, dont une personnalité indépendante désignée par les deux parties, et sept militaires. Dans la dernière mouture de ce plan, un membre du Conseil militaire dirigerait la transition pendant dix-huit mois et un civil lui succèderait.
Les puissances occidentales appuient le transfert du pouvoir aux civils tandis que les militaires sont soutenus par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis.
Nouvelles internationales
Union européenne : après le blocage, un accord pour les nominations aux postes clés
Après d’intenses négociations entre les chefs d’État et de gouvernement de ses 28 pays membres, négociations suspendues lundi après dix-huit heures de discussions sans résultats, l’union européenne a finalement trouvé un accord sur les nominations aux postes clés de ses institutions.
C’est mardi, après la reprise des négociations, que cet accord a été trouvé.
Ainsi, la présidence de la Commission européenne va à l’allemande Ursula von der Leyen, proche d’Angela Merkel, celle du Parlement européen est confiée au socialiste bulgare Serguei Stanichev, la présidence du Conseil européen va au libéral belge Charles Michel et c’est le socialiste espagnol Joseph Borrel qui hérite du poste de haut-représentant pour les Affaires étrangères. La française Christine Lagarde prend, elle, la tête de la Banque centrale européenne.
La difficulté des négociations s’explique par la redistribution des cartes politiques aux dernières élections. Le groupe PPE (Parti populaire européen), longtemps dominant, et le Groupe PSE (Parti des socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes européens) ont été affaiblis et doivent composer avec de nouvelles forces, notamment avec les centristes du Renew Europe et les écologistes. C’est surtout l’affaiblissement du PPE qui a grippé la machine bien rodée du compromis européen.
États-Unis-Corée du Nord : Nouvelle rencontre au sommet
Le président Donald Trump des États-Unis et son homologue nord-coréen Kim Jong-un se sont rencontrés dimanche 30 juin 2019. Ils l’ont fait à l’initiative de l’Américain qui a franchi la ligne de démarcation du 38ème parallèle qui sépare les deux Corées et fait quelques pas en territoire nord-coréen. Mais c’est dans la zone démilitarisée que les deux hommes se sont serré la main pour la troisième fois, poignée de main suivie d’un entretien d’une heure.
Pour quels résultats ? Le principal effet de la rencontre est la reprise prochaine des négociations, notamment à travers des groupes de travail américains et nord-coréens.
Bien entendu, les arrière-pensées électorales ne sont pas absentes de cette initiative de Trump, candidat à un second mandat présidentiel. Il veut apparaître aux yeux de son électorat comme celui qui a ramené la Corée du Nord à la table des négociations et qui la travaille au corps pour la faire renoncer à l’arme nucléaire.
Pour autant, cette reprise des discussions produira-t-elle des résultats significatifs vers la fin du programme nucléaire nord-coréen ? C’est toute la question.