Nouvelles nationales
Djibouti, un pays à risques sociaux et politiques selon la Coface
Selon le dernier rapport sur les risques en Afrique de l’assureur crédit Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur), rapport intitulé ’’La température monte’’ et publié le 4 juillet 2019, Djibouti figure parmi les dix pays à risques sociaux et politiques. En d’autres termes, notre pays pourrait connaître des troubles sociaux et politiques dans un avenir proche.
Pour établir son panorama de risques pays, l’assureur affirme analyser deux principales catégories de risques : le risque sécuritaire et le risque découlant de la fragilité politique et sociale. Le risque sécuritaire comprend les conflits et le terrorisme et le risque de fragilité politique et sociale inclut le populisme.
Les dix pays à surveiller en Afrique dont Djibouti sont particulièrement pointés par leur indice de fragilité politique et sociale. Lequel comprend les pressions en faveur du changement, c’est-à-dire les frustrations sociales et politiques, et les instruments pour exprimer ces frustrations telles que la proportion des jeunes dans la population, le taux d’éducation, le taux d’alphabétisation, l’accès à Internet, ou encore la participation des femmes. Ces deux séries d’éléments étant examinées sur une période significative, par exemple dix ans, comme dans le cas de Djibouti dont la situation montre, selon la Coface, une augmentation de 20% des instruments de la mobilisation entre 2008 et 2018.
Mais qu’en est-il au vu du terrain ? Il est vrai que la situation ne s’est pas améliorée depuis 2008 dans notre pays, Djibouti. Le déficit démocratique, le verrouillage politique, la mauvaise gouvernance, la corruption et autres inégalités sociales n’ont pas reculé. Bien au contraire. Au point que le mécontentement est aujourd’hui généralisé et que la colère gronde partout. Les arrestations abusives des enseignants, les grèves des cheminots, les cas d’abus de pouvoir régulièrement rapportés sur internet et ailleurs, témoignent de ce climat explosif.
Que Djibouti soit pointé pour sa fragilité sociale et politique n’est donc pas étonnant.
Privatisations annoncées : Sont-elles inévitables ? Et à qui vont-elles profiter ?
Par un tweet daté du 9 juillet 2019, le ministre de l’économie et des finances, Ilyas Moussa Dawaleh, a annoncé l’examen prochain en conseil des ministres d’un texte créant une autorité de régulation du secteur des télécommunications et d’autres secteurs publics. Selon le ministre, cette autorité veillera à l’ouverture de ces secteurs comme à la protection des intérêts de l’État et des consommateurs. Il s’agirait donc de privatiser les monopoles d’État tels que les télécommunications (Djib-Télécom), Électricité de Djibouti (EDD), l’Office national des eaux et de l’assainissement de Djibouti (ONEAD), ou encore le Port de Djibouti.
Dans la rhétorique, ces privatisations seraient à la fois dans l’intérêt de l’État et des usagers (Ilyas parle de consommateurs). Dans l’intérêt des usagers car il y aurait concurrence entre opérateurs et les effets habituellement associés à la compétition : baisse des prix, offre de meilleure qualité, chaque fournisseur cherchant à proposer un meilleur rapport qualité/prix que celui des concurrents pour attirer les clients. Dans l’intérêt de l’État, car il y aurait une meilleure gestion des secteurs concernés et donc une meilleure satisfaction de leurs missions de service public et des rentrées d’argent sans gestion quotidienne pour les caisses de l’État.
Au-delà du discours, ce programme annoncé de privatisations soulève bien des questions. La première question est de savoir si la privatisation est le seul moyen de satisfaire mieux et à moindre coût les missions de service public dévolues à ces établissements publics. Il est vrai qu’EDD, ONEAD, Djibouti-Télécom, le Port de Djibouti et d’autres organismes sont mal gérés, mais les causes de cette mauvaise gestion sont connues. Elles ont pour noms : absence de volonté politique de bien faire, pilotage à vue, incompétence ou impuissance des gestionnaires de ces établissements, recrutement népotique des agents, emplois fictifs et bien d’autres formes connues de corruption. Pourquoi ne pas donc traiter ces causes de mauvaise gestion et redresser ainsi la situation de ces secteurs publics au lieu de vouloir les privatiser ? D’ailleurs, les décideurs politiques restant les mêmes avec ce que cela implique de statu quo en matière de volonté politique, rien ne garantit que l’objectif réel de ces privatisations, n’est pas, pour les gouvernants, de continuer la prédation de ces secteurs publics sous d’autres apparences. Dit autrement, les privatisations ne cherchent-elles pas à profiter aux puissants du moment ? S’il y a une réelle volonté politique de mieux faire, pourquoi ne pas agir dans la transparence et soumettre la situation desdits secteurs à un débat démocratique national car il s’agit d’éléments du patrimoine djiboutien et que la légitimité démocratique de nos gouvernants est ce qu’elle est ? Pourquoi, enfin, déjà attribuer des licences à tel ou tel opérateur privé alors même que la pertinence de la privatisation pour le redressement des secteurs visés n’est pas établie et qu’il n’existe même pas encore d’autorité de régulation ?
On le voit, l’initiative gouvernementale de privatisations de nos établissements publics, n’est pas près de convaincre.
Pénurie d’eau et d’électricité à Djibouti
Tandis que la canicule s’installe à Djibouti-ville, la capitale de notre pays, augmentant la demande d’eau et d’électricité, la fourniture d’eau potable et d’énergie électrique, elle, diminue. C’est un paradoxe.
Pourquoi donc ? Concernant l’électricité, l’interconnexion avec le réseau électrique hydraulique éthiopien n’est plus en mesure de nous fournir la puissance habituelle car le niveau des barrages de ce pays a diminué en raison de la baisse des pluies et que notre propre capacité de production peine à répondre à notre demande.
Quant à la pénurie d’eau, elle s’explique par les difficultés que connaît déjà l’adduction d’eau depuis Shinileh en Éthiopie. Il semble que le créancier chinois, lequel a financé et réalisé le projet d’adduction à plus de 250 millions de dollars, ait fermé les vannes du forage de Shinileh pour faire pression sur l’État djiboutien qui ne parvient pas à tenir ses engagements dans le remboursement de la dette de l’ONEAD dont il s’est porté garant. Rappelons que c’est auprès de la banque chinoise Exim Bank que ce prêt au montant et aux conditions controversées, a été contracté.
Bien entendu, la question se pose de savoir pourquoi le choix du prêt non-concessionnel, c’est-à-dire aux conditions du marché, a été retenu et pourquoi Exim Bank n’a pas assez étudié le dossier avant d’accorder le crédit.
Nouvelles régionales
Somalie : Une attaque terroriste meurtrière à Kismayo
Le terrorisme des Shabab a encore frappé la Somalie. Cette fois, c’est la ville portuaire de Kismayo, au sud du pays, qui a été la cible des terroristes. Ils sont passés à l’attaque vendredi 12 juillet 2019 contre l’hôtel Médina, situé dans la capitale du Jubaland, avec un véhicule piégé et un commando lourdement armé de quatre hommes. Ils ont semé la mort jusqu’au lendemain samedi, tuant plus de trente personnes et en blessant plus de cinquante autres.
Parmi les victimes, figurent des personnalités du secteur médiatique, des affaires et de la vie politique somalienne. La journaliste somalo-canadienne Hodan Nalayeh est du nombre. Cette mère de deux enfants, s’était rendue célèbre par ses reportages sur la vie quotidienne et les aspects positifs de la Somalie. Forte de la longue expérience en communication acquise dans son pays d’adoption, le Canada, où elle était arrivée à l’âge de six ans, elle avait choisi de se dévouer pour promouvoir son pays d’origine auquel elle était très attachée. Son action était très appréciée et inspirante. Elle est tombée en même temps que son second époux, Farid Djama, ancien ministre du Jubaland. La majorité des personnes tuées sont somaliennes. Les autres victimes sont trois ressortissants kényans, trois Tanzaniens, deux Américains et un Britannique.
La mort de la journaliste Hodan Nalayeh a suscité de nombreuses réactions internationales, notamment de la part des médias et du monde politique. Ainsi, le Premier ministre canadien a adressé ses condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de la journaliste.
Éthiopie : Accès de tension entre deux partis membres de la coalition
gouvernementale fédérale
Depuis le coup d’État manqué du 22 juin 2019 dans l’Etat régional Amhara, le ton monte entre le Front de libération du peuple tigréen (TPLF en anglais) et le Parti démocratique amhara (ADP en anglais), tous deux membres de la coalition gouvernementale fédérale du Premier ministre Aby Ahmed au pouvoir à Addis-Abeba. Coalition dénommée Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF en anglais).
Les deux partis, qui gouvernent également leurs régions respectives, à savoir le Tigré pour le TPLF et l’Amhara pour l’ADP, ont échangé des injures et autres accusations ces derniers jours. C’est l’accès de tension le plus fort entre les deux partis communautaires depuis la chute du pouvoir militaire du colonel Mengistu Haile Mariam en 1991. Selon nos informations, le Premier ministre Aby Ahmed ne ménage pas ses efforts pour calmer les esprits chez ses partenaires amharas et tigréens. Même si la tâche n’est pas aisée car la région tigréenne s’est beaucoup repliée sur elle-même et que de nombreux Amharas se radicalisent.
Sénégal : le parti socialiste perd son leader Ousmane Tanor Dieng
Le secrétaire général du parti socialiste sénégalais, Ousmane Tanor Dieng, est décédé lundi 15 juillet 2019 à Bordeaux en France où il était venu pour soins. A l’âge de 72 ans. Le défunt était un homme politique sénégalais de premier plan. Il avait été longtemps ministre d’État sous le président Abdou Diouf avant de prendre la direction du parti socialiste en 2000 et de se présenter plus tard à l’élection présidentielle. Il était arrivé en quatrième position au scrutin présidentiel de 2012, derrière Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse et le vainqueur Macky Sall. Depuis lors, il était l’allié de Macky Sall et dirigeait le Haut Conseil des collectivités territoriales du pays. A ce titre, il avait rang de troisième personnalité de l’État.
Au niveau international, il était vice-président de l’Internationale socialiste dont le parti socialiste sénégalais est membre ancien.
Rwanda-Ouganda : Kagame et Museveni promettent de dialoguer
Le président Paul Kagame du Rwanda et son homologue Yoweri Museveni d’Ouganda ont promis, vendredi 12 juillet 2019, à Luanda (Angola), lors d’un sommet régional consacré à la sécurité dans les Grands Lacs, de régler par le dialogue les tensions qui ont surgi entre eux ces derniers mois. En effet, les deux pouvoirs s’accusent mutuellement d’activités d’espionnages et d’ingérences politiques.
Cette dégradation des relations bilatérales a affecté le commerce entre les deux pays limitrophes. D’autant que le Rwanda a fermé sa frontière terrestre avec son voisin en février dernier, ce qui cause des difficultés aux activités économiques reposant sur les échanges transfrontaliers.
Les deux chefs d’État ont pourtant été alliés. Paul Kagamé a longtemps vécu en Ouganda où il a contribué à la prise du pouvoir par Yoweri Museveni. A son tour, celui-ci l’a soutenu dans la conquête du pouvoir par les armes à Kigali à la tête du Front patriotique rwandais (FPR).
Nouvelles internationales
Des fuites de documents conduisent l’ambassadeur britannique aux États-Unis à la démission
L’ambassadeur du Royaume Uni aux États-Unis d’Amérique, Kim Darroch, a démissionné de son poste mercredi 10 juillet 2019. Cette démission fait suite à la fuite vers la presse de notes écrites par le diplomate sur le président Donald Trump et son administration et destinées à son ministère de tutelle. Dans ces rapports publiés par la presse britannique le 6 juillet 2019, le diplomate jugeait l’administration Trump trop ‘’inepte’’ et ‘’dysfonctionnelle’’, ce à quoi le président américain a vivement réagi, le traitant de ‘’stupide’’ et de ‘’dingue’’. Non sans ajouter qu’il ne travaillerait plus avec lui.
Cet accès de tension a conduit l’ambassadeur Darroch à démissionner de son poste à Washington. Ce, malgré le soutien de la Première ministre démissionnaire Theresa May.
Sur ces fuites, la police britannique enquête et cherche à établir si la loi n’a pas été violée par le journal Le Mail on Sunday qui a publié les documents diplomatiques.