Comme prévu, ce que le gouvernement appelait élections législatives du 24 février 2023 mais que l’opposition qualifiait de mascarade électorale et rejetait, s’est tenu vendredi. Les bureaux de vote se sont ouverts à six heures pour fermer à 18 heures, conformément au décret présidentiel ‘’fixant les modalités d’organisation des élections’’.
Seulement, les bureaux de vote sont restés vides tout au long de la journée électorale. Très peu d’électeurs se sont déplacés, selon nos reporters et d’autres sources que nous avons contactées. ‘’C’est la participation la plus basse que j’ai jamais vue, il ne dépasse pas les 5%’’, nous a confié un membre de l’organisation du scrutin qui a requis l’anonymat.
De fait, ce sont principalement des militaires, gendarmes, policiers et un certain nombre d’autres agents de l’État qui ont voté, souvent sur ordre. A eux, il faut ajouter les partisans du régime dont le nombre a beaucoup fondu au fil des ans. Cela fait un trop petit nombre : environ 11.000 votants sur les 230.000 électeurs inscrits.
Les opposants n’ont pas tardé à crier victoire, persuadés d’avoir largement contribué à cette absence d’électeurs. Ils ont pointé ‘’la massivité historique’’ du boycott auquel ils avaient appelé. Ainsi, le MRD, parti historique d’opposition, actif dans l’appel au non-vote, a déclaré sur sa page Facebook : ‘’Aujourd’hui, vendredi 24 février 2023, les prétendues élections législatives qu’Ismail Omar Guelleh, et non une commission électorale nationale indépendante paritaire, avait prévues par décret présidentiel pour cette date, n’ont tout simplement pas eu lieu. Les électeurs sont restés chez eux, exprimant ainsi leur rejet du régime’’.
Sans surprise, le gouvernement a, lui, mis en avant des chiffres à l’antipode de cette réalité. Il a parlé d’un ‘’taux de participation 75,9 % sur l’ensemble du territoire national’’. Des 65 sièges de députés, il a attribué 58 à l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) et 7 sièges à ce qu’il nomme la liste d’opposition du parti Union pour la démocratie et la justice (UDJ). Cette dernière n’aurait gagné que ces quelques sièges de la circonscription de Djibouti-ville qui en compte 35. Le ministre de l’intérieur, Saïd Nouh Hassan, a fait son annonce en ces termes : ‘’Le taux de participation est de 75,9 % sur l’ensemble du territoire national. A Djibouti-ville, la liste de l’UMP a récolté 89 % des suffrages exprimés, tandis que la liste d’UDJ a recueilli 11 % des voix. Sur les 35 sièges à pourvoir dans cette circonscription, l’UMP obtient 28 sièges. Quant à l’UDJ, elle remporte 7 sièges (…)’’. Sans commentaire.