Nous en avons déjà rendu compte dans ces colonnes, la trésorerie de l’État de Djibouti connaît des fins de mois difficiles ces derniers temps. Les salaires des agents de l’administration publique, particulièrement de ceux émargeant au budget général de l’État et des services subventionnés par ce dernier sont payés avec des retards croissants. Le ministère du budget effectue les paiements de rémunérations dans un certain ordre de priorité que l’on dit établi en haut lieu. Il paie d’abord les agents de sécurité ou de défense (policiers, gendarmes, gardes républicains, agents secrets, militaires, garde-côtes) et les enseignants, deux corps qui semblent jugés sensibles par le pouvoir. Les agents en uniforme, parce que ce sont les gardiens du régime face au peuple excédé. Les enseignants, parce que s’ils font grève, enfants et parents seront dans la rue, perspective redoutée par le pouvoir. Les salaires des autres agents de l’État suivent selon les liquidités disponibles. Il en est qui attendent plus longtemps que d’autres. Selon nos informations, les salariés des services dépendant des subventions du budget général sont souvent les derniers à recevoir leurs rémunérations.
L’on observe que ces retards de salaires ne se réduisent pas au fil des mois qui passent. Ils semblent plutôt s’allonger. ‘’Les fins de mois sont de plus en plus difficiles ‘’, a confié à LVD une source bien informée.
Que se passent-ils alors ? Deux facteurs explicatifs sont avancés par nos sources. En empirant ces derniers temps, la corruption et le vol de l’argent public seraient un premier facteur. Ils assécheraient encore plus les sources de recettes de l’État. C’est surtout la grande prédation encouragée d’en haut lieu qui est pointée du doigt. Le second facteur serait un besoin croissant de liquidités enregistré au sommet de l’État confisqué. Pourquoi ? Est-ce pour financer les ‘’ingérences’’ que l’on attribue à qui l’on sait dans les conflits en cours aux pays limitrophes ? Les avis divergent.
Alors jusqu’à quand cela durera-t-il ? C’est la question qui revient sur les lèvres. ‘’Ce n’est pas parti pour quelques petits mois, car la fuite en avant n’est près de cesser’’, prédit un observateur bien informé qui parle de ‘’détournements et dépenses injustifiées en hausse’’. En tout cas, aux duretés de la vie chère et des salaires bas, s’ajoute désormais l’angoisse des fins de mois pour les agents de l’État. Réagiront-ils ?