Il se frottait les mains à l’idée de revenir quelque peu sur le devant de la scène régionale. Il se répétait qu’il allait se voir confier une mission d’importance. Une perspective inespérée en ces temps de crépuscule inexorable. Il y voyait une bouffée d’oxygène, une respiration. Il vibrait déjà à l’idée de pouvoir se rengorger ici ou là, autour de ce dossier brûlant.
Non point qu’il détienne des compétences avérées, un savoir-faire reconnu pour ce type de mission. Pas plus qu’il ne donne à voir une compassion particulière pour les victimes de l’avalanche de feux entre les combattants de deux galonnés assoiffés de pouvoir. Mais parce que la mission lui redonnerait un peu de visibilité à l’image d’une certaine attention dont il avait joui en 1999-2000 autour d’une autre crise.
Pour parvenir à ses fins sur ce douloureux dossier du moment, il n’a pas ménagé ce dont il est capable d’effort. Il a accueilli une réunion de l’Autorité inter-gouvernementale pour le développement (IGAD en anglais) dont le siège est à Djibouti-ville. Il se serait montré aux petits soins à l’égard de ses pairs et aurait murmuré tel ou tel mot intéressé à telle ou telle oreille influente.
Le succès n’a pas été au rendez-vous, car il n’a point engrangé les résultats escomptés. Certes, il a été désigné pour la présidence tournante de l’IGAD, fonction dont l’obtention relève de la routine organisationnelle. Certes, ses journalistes griots l’ont montré accueillant tel chef ou prononçant avec peine telle allocution. Mais il n’a pas été chargé, comme il l’espérait, du règlement de la crise soudanaise.
Selon nos sources, l’espoir a volé en éclats lors de la réunion à huis-clos entre les chefs d’État et de gouvernement. Une fin de non-recevoir a été opposée à sa demande. Les pays limitrophes du Soudan lui auraient opposé leur véto. ‘’Peu à la hauteur de la situation et peu fiable’’, aurait été la substance de leur réponse. En tout cas, il n’a pas convaincu ses pairs. Les trois États limitrophes se sont entendus pour se partager la mission, formant ainsi une troïka. Non sans associer la Somalie de Sheikh Mahamoud. Le président kenyan, William Ruto, le président sud-soudanais, Salva Kiir Mayardit, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, l’auraient ainsi écarté.
Il serait ressorti de la réunion abattu et amer. Il n’aurait donc pas réussi à cacher son état émotionnel, ce qui n’est pas un signe de flegme mais ne surprend pas celles et ceux qui le connaissent. Se serait-il mis à maudire les limitrophes ? Certains observateurs auraient relevé qu’au moins l’un de ces chefs a été mal raccompagné à son avion : le premier ministre éthiopien. Le déçu ne l’aurait pas raccompagné comme il avait coutume de le faire, ni n’aurait dépêché son premier ministre. Seul un de ses jeunes ministres sans étoffe aurait été vu au pied de l’appareil de l’homme fort d’Addis-Abeba.
Un président en exercice qui a peu de prise sur le dossier le plus chaud du moment, telle est sa réalité au terme de la rencontre de l’IGAD qu’il attendait avec impatience et espoir. Cela relève de la mise à l’écart…