Au Sénégal, s’est finalement tenue l’élection présidentielle dont le président Macky Sall perturbait le calendrier. Une fois son report et ses prolongations annulés par le conseil constitutionnel, le scrutin s’est déroulé le 24 mars 2024. Bien plus, il a tourné à l’avantage d’un parti persécuté, le Pastef, acronyme de Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité.
Un homme, ou plutôt un tandem a émergé de la flopée de dix-neuf prétendants : le candidat du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, et son président, Ousmane Sonko. L’un et l’autre croupissaient en prison où Macky Sall les avait fait jeter pour les écarter de la course à la présidentielle. L’un, Diomaye Faye, a pu figurer sur la liste des candidats, pas l’autre, Sonko, la bête noire du pouvoir, accablée de procès à motivations politiques.
En interdisant le Pastef et en persécutant ses membres, particulièrement ses chefs, le régime a, sans le vouloir, servi ce parti de changement. Il a conforté sa popularité déjà grande. Oui, depuis sa fondation en 2014, par un groupe de jeunes hauts fonctionnaires emmenés par un charismatique inspecteur des impôts et domaines, Ousmane Sonko, cette formation politique avait largement percé. Son leader et candidat naturel à l’élection présidentielle caracolait en tête des sondages, hantant les nuits d’un Macky Sall. Ce dernier rêvait d’un troisième mandat, oubliant sa vive opposition à ce même rêve malsain de son mentor, le vieux président Abdoulaye Wade, et sa promesse de s’en garder.
De la prison, les deux hommes sont sortis le 14 mars 2024. Faye était le candidat et Sonko, l’empêché, son faiseur de roi. L’un était l’autre. Au pouvoir, ils sont parvenus dès le premier tour du scrutin, soit le 24 mars 2024. Entre les deux dates, dix jours.
En réalité, la victoire était acquise, inscrite dans l’ordre des choses. Elle était dictée par ‘’ce désir profond de changement systémique’’, pour reprendre la formule employée par le président élu Bassirou Diomaye Faye dans son discours d’investiture le 2 avril 2024.
Mauvaise nouvelle pour le camp de Macky Sall comme pour les autres prétendants. Mauvaise nouvelle surtout pour une certaine façon de faire la politique. Non merci, ont répondu les Sénégalais aux jouisseurs du pouvoir. Ils leur ont préféré, et de loin, les serviteurs. Service vers jouissance.
La jouissance du pouvoir a donc perdu en ce 24 mars 2024 au Sénégal. Et la victoire du service a été saluée bien au-delà du pays de la Teranga, à travers la Mère Afrique et plus loin encore.
Djibouti n’a pas été en reste où le camp longtemps bâillonné du service a applaudi à la victoire du Pastef. Ses membres sont confortés dans leur espérance. Inversement, on l’imagine, pour les adeptes locaux de la jouissance et leur chef Ismail Omar Guelleh, la nouvelle est tombée comme un coup porté au cœur.
La dynamique du service monte en terre africaine…